A la Barrick

Publié le par Julien

Je vous entends déjà murmurer à l’idée de lire un épisode vinifié de ce voyage. Il lest vrai qu’en arrivant au Chili, j’allais parcourir ici quelques vignobles et profiter d’une dégustation de vin plus réalisé de puis longtemps ! Mais je vais vous décevoir car je vous conterai ici une toute autre histoire, celle d’un projet minier comme il en existe un peu partout dans le monde.

 

Arrivée depuis plus d’un mois maintenant au Chili, j’ai pu parcourir une bonne partie du pays entre le Nord et la capitale, Santiago du Chili. Zone fortement désertique, son sous-sol possède de nombreuses richesses minérales exploitées parfois (ou souvent) au détriment des populations. C’est le cas dans la province de Huasco, o Alto del Carmen, ou je partage l’expérience de l’association « La Ruta de los Españoles ». Cette association a pour but le soutient au projet touristique et culturel dans la vallée del Carmen. Je parlerai de cette association et de la vallée dans un prochain article.

 

Sur le territoire de la commune de Alto del Carment, dans la cordillère des Andes, une entreprise transnationale a entrepris depuis de nombreuses années déjà des prospections souterraines afin d’analyser le sous-sol. Elle y a découverte l’une des plus grandes réserves d’or du monde. La Mine Pascua-Lama, dont le nom provient de la zone d’exploitation Chilienne (Pascua) et de celle du côté argentin (Lama) se situe donc sur 2 territoires nationaux différents et, pour en faciliter l’extraction, a réalisé un compromis entre les 2 pays lui permettant de passer librement les frontières. Comme le disent certains habitants d’Alto del Carmen, « nous avons maintenant une frontière avec le Canda et non plus avec l’Argentine ! » (Le siège social de Barrick étant situé à Toronto au Canada) Mais cela n’est rien face aux risques environnementaux et pour la population dans les années à venir, probablement dans un futur proche. Alors que l’entreprise n’a pas encore commencé l’extraction de l’or, mais simplement des forages, la création d’une piste pour les avions transportant les travailleurs campement pour les travailleurs depuis la ville côtière de Serena. Le manque d’eau se fait déjà ressentir dans la vallée del Carmen. 3 grands paramètres sont en causes dans cette « assèchement » de la ressource en eau. Le 1er, indépendant de l’activité minière, est une chaleur et une sécheresse qui perdure depuis plusieurs années et se fait sentir plus forte cette année encore. Le 2ème vient directement de l’entreprise Barrick Gold qui aurait acheté plus de 1500 actions d’eau (lorsque la majorité des actionnaires allant de San Felix à Alto del Carmen (plus de 1000 familles) en possède à peu près le même nombre !) Le 3ème revient également directement à l’entreprise et les forages déjà effectués. Cette activité serait à l’origine de la disparition de l’un des glaciers présent dans la cordillère et la diminution de 50 à 70% de 2 autres.

 

Revenons aux actions sur l’eau. L’activité économique à Alto del Carmen est l’agriculture, c’est dire si l’eau y tient une place importante. Chaque paysan paye un droit d’accès à l’eau, s’appelant « une action ». Une action représente donc le droit d’utilisation de l’eau tout au long de l’année. L’entreprise Barrick s’est donc dotée d’un droit sur l’eau inconsidérable et à entrepris l’achat de 3000 actions supplémentaires. En dépit de ce pouvoir, Barrick fait pression sur les politiques pour disposer d’un nouveau droit supplémentaire, celui de transférer l’ensemble de ces actions sur le site de la mine Pascua Lama ! Ce transfert est bien évidemment interdit par la loi, mais qu’est-ce que la loi et la politique face aux liquidités offertes ?

 

Je n’ai pas effectué de recherche sur les principales activités de Barrick dans le monde (dont l’un gérant serait G.W Bush père ou fils) ni même pour le projet de la mine Pascua Lama à Alto del Carmen. L’ensemble des infirmations transmises ici viennent de récits de plusieurs habitants de cette commune. Ce que l’on peut imaginer de Barrick Gold, comme beaucoup d’entreprises de ce genre, est tout simplement une exploitation totale du sous-sol de la cette région, laissant par la suite une zone contaminée pour aller exploiter d’autres horizons, à la joie du portefeuille des élus locaux et nationaux qui, pour quelques billets accepteront sans concession les transgressions. Qui a dit que l’argent ne faisait pas le bonheur ?

 

Que peut-on prédire pour l’avenir de cette vallée ? Une zone rurale, tranquille, dont le climat, la production agricole ainsi que sa population sont autant de paramètre à préserver. Mais la population doit s’organiser rapidement pour entamer une lutte contre l’entreprise Barrick Gold et pour que les politiques prennent enfin les décisions protégeant les citoyens. Sans cela, la vallée dépérira. Le plus important selon moi est qu’elle perdra ses ressources en eau et, celle qui restera, que l’on pouvoir couler par un filament au fond du lit de ce qu’était la rivière, elle sera contaminée. Contaminée par les tonnes de cyanure et d’arsenic utilisées chaque jour afin d’extraire l’or, l’argent et le cuivre. L’activité minière, par le transit importante de camion au sein de la vallée, mettra un terme à la tranquillité. Je fus témoin à San Félix, petit bourg se situant à près de 30 km d’Alto del Carmen, d’un accident du à cette activité. Un camion transportant une pelleteuse est arrivé dans le bourg, bine que n’ayant as le droit, et à arraché des fils électrique. Des boules de feu se répandaient de part en part des fils électriques et un jeune en vélo est passé tout près de l’électrocution.

La perte de la tranquillité, le manque d’eau et sa contamination, tout cela engendrera une disparition de la biodiversité locale, l’environnement souffrant une nouvelle fois de l’activité humaine. Ce sera également une perte importante des ressources agricoles, premières économie locale, ainsi que du tourisme rural.

 

Des citoyens ont peur, peur d’affronter « un monstre » dont le pouvoir économique pourrait tout écraser. D’autres se compromettent, acceptant l’argent et l’activité générés par la mine. Que se soit la peur de perdre son emploi en s’affrontant directement à l’entreprise ou, la corruption et son ralliement à celle-ci, les pertes ou les gains économiques ne seront rien comparés aux ravages environnementaux et sociaux qui coûteront bien plus à la population.

 

 

Je terminerai simplement par un fait bien réel qui prouve l’ampleur de ce qui arrivera ainsi que la bonne volonté environnementale de Barrick Gold. Cette dernière, il y a quelques temps déjà, en réponse aux questions posées sur la préservation des glaciers, avait répondu qu’elle maitrisait le sujet dans ce domaine et qu’elle déplacera simplement les glaciers vers une autre zone. A méditer…

 

Ecouter l’interview de Felix – citoyen Chilien – Alto del Carmen (Espagnol)

Publié dans Chili

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J
<br /> <br /> Un film a été réalisé sur le projet PascuaLama de l'entreprise Barrick Gold. Ci-dessous vous pourrez lire le synopsis du film et découvrir la bande annonce sur le<br /> site du film en cliquant sur le lien suivant :
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B
<br /> Salut juju…<br /> encore de magnifiques photos de ton périple ! sympa de nous faire partager tout ca… Bisous et à bientot.<br /> <br /> <br />
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