Du micro-crédit à l'évolution sociale

Publié le par Julien

En 2010, je me "compromettais" dans la mise en place et le suivi d'un projet de micro-crédit au sein de l'association ASTURS à Capachica, au bord du lac Titicaca, du côté Péruvien.

 

Voir les articles sur ce blog : En quelques mots et 8 mois de micro-crédit

 

 

Ce retour 3 ans après, fut à la fois pour moi un suivi, une reprise de contact mais aussi une meilleure compréhension de l'intérêt de ces micro-crédit, en tant que projet porté par l'association DEPARTS et ASTURS comme pour les familles qui en ont béneficié, tout comme les limites de ce type d'action.

Avant d'expliquer ce qui me semble être les intérêts et les limites, je vous ferai ici un petit rappel de ce que sont les micro-crédits mis en place part l'associarion DEPARTS. Cette dernière, par l'organisation de voyages touristiques solidaires, consacre une part du budget total du voyage pour le soutien d'initiatives dans le pays de destination du séjours. Depuis plusieurs années, les bénevoles de DEPARTS ont décidé de ne plus apporter cette part sous forme de don mais en incitant les associations locales partenaires à les utiliser en permettant aux familles d'avoir d'avoir accès à un micro prêt.

 

Depuis 2010, DEPARTS a donc convenu avec l'association Péruviemme ASTURS que la gestion de la part solidaire apportée lors des voyages se ferait sous forme de ñicro-crédit. Nous avons définit avec ASTURS les modalités de fonctionnement à savoir :

- Jusqu'à 3 prêts possible par famille afin que le maximum puissent en bénéficier

- un 1er prêt n'exédent pas les 1500 soles

- un remboursement du prêt tous les mois pour une durée totale déterminée entre la famille et ASTURS

- un taux d'intérêt de 5% du total du prêt (pour 1000 soles prêtés, 1050 seront remboursés)

- La liberté pour ASTURS d'utliser les intérêts comme l'association le souhaite

- 40% des micro-crédit doivent être utilisés pour l'agriculture, 30% pour le tourisme et 30% pour les autres activités (pêche, artisanat...)

 

 

Les intérêts du micro-crédit :

Le 1er intérêt sera pour moi la dynamique que cette action de coopération aura généré pour ASTURS. En 2009 - 2010, lorsque je découvrais ASTURS, l'association était composé de Walther et 2 membres de sa famille et elle n'avait pas de reconnaissance officielle de l'Etat. Le partenariat avec DEPARTS, pour la gestion et le suivi des micro-crédit fut le 1er projet porté par ASTURS qui, depuis, a obtenu d'autres fonds lui permettant de s'assurer un minimum de revenu et de se consacrer aux actions d'ASTURS (laissant le travail qu'il avait au CEDESOS - http://www.cedesos.org) ainsi que celui de 2 autres personnes (mais avec un faible revenu !) De plus, ASTURS se compose aujourd'hui d'un groupe de % personnes volontaires pour accompagner les projets de l'association, même si Walther reste aux yeux de chacun "El dueño".

Les micro-crédit sont également un prétexte à l'échange et à la discussion entre nos deux cultures, allant plus loin que la gestion financière des prêts et de l'action. Avec Sonia, Dennys (les deux personnes travaillant à ASTURS) et Walther, nous avons abordé le rôle d'ASTURS pour défendre auprès des communautés la nécessité du bien-être de chacun, de l'évolution sociale personnelle et collective, de la confrontation entre protection de l'environnement et le consumérisme croissant, les limites du dévelopement touristique mais aussi (et surtout ?) le place de la femme dans une organisation paternaliste et machiste.

Ce sont ces échanges qui permettent une véritable coopération et non seulement la seule vision d'un apport financier et matériel. Des échanges et des réalisations qui nécessitent du temps pour en comprendre les évolutions, Des échanges o}u l'un apprend à l'autre, où l'un apprends de l'autre.

Bien sur, les prêts octroyer permettent un soutien économique pour les familles en béneficiant. Les banques péruviennes, de paqrt les taux d'intérêts de 2,5 à 3,5% par mois et des contre-parties élevés, ne sont pas accessible aux populations rurales et paysannes.

Les micro-crédit seront aussi je le pense à l'origine d'une dynamique collective au sein des communautés. Nous avons partagé avec différentes communautés de Capachica notre vision de la gestion d'une telle initiative et de l'implication de tous dans sa mise en place, sa gestion et le suivi. Alors que l'histoire de la colonisation et la fin (récente) des haciendas dans bon nombre des communautés autour du lac, ainsi que la confrontation entre les croyances et cultures Andines et le capitalisme, ont détourné les dynamiques collectives au profit de l'individu et de la méfiance de l'autre, souhaitons que cette graine (économique) fera germer le fruit d'une coopération collective.

 

Les limites observées :

Les limites principales sont à la fois humaine et économique. Aujourd´hui se sont 47 personnes et 10 groupes de personnes qui ont eu accès à un micro-crédit. Cela représente plus de 80 familles qui ont bénéfié directement ou indirectement des prêts.

Le suivi des prêts et des remboursements est chronophage de part les rencontres et déplacements nécessaires au sein des communautés. Cela génère également des coûts de fonctionnement (transport, bureau de l'association...) et la rémunération du travail effectué.

Une autre limite, plus politique, est celle de l'entrée financière et touristique de cette action quew je souhaiterai plus globale, prenant en compte tous les éléments nécessaires à l'évolution positive. Les familles rencontrées nous faisaient géneralement le même retour, celui du besoin de plus de micro-crédit et me remerciait de cette intiative, me placant dans ce que je ne souhaite être, celui qui apporte et décide. Espérons là aussi que nos échanges auront permis de mettre en avant une vision de la coopération plus large du micro-crédit.

 

Quelques réflexions personnelles :

De ces intérêts et limites j'en retiendrai la difficulté de la compréhension entre les différentes langues (espagnol, francais et quechua) mais nos différentes interprétation d'une situation, d'un besoin, selon nos points de vue et nos situations personnelles, familiales, économiques...

Bien que je crois en l'intérêt de ce projet, je sais que selon les orientations que nous lui donneront, les résultats seront plus ou moins positifs, plus où moins préjudiciables. Je me questionne encore aujourd'hui de la pertinence et de l'impact du tourisme solidaire, d'une action comme le micro-crédit. Est-ce que, ce que je pense être mieux, n'est pas au final le moins pire ? Est-ce que nous ne participons, différemment, au même modèle que celui que nous pensons combattre ?

Je me demande également si l'immobilisme, ne rien faire ou ne rien proposer pour me pas alimenter, permettra à chacun une meilleure évolution des conditions de vie.

Le tourisme que l'on appelle de masse où encore conventionnel se propoage encore et laisse croire à tout à chacun qu'il sera le moteur d'une économie locale et le profète d'un dévelopement économique et sociale des populations. Ce tourisme ne nous attend pas et il entre, ou entrera, dans les nouvelles communautés, apportant toujours plus d'inégalité et de compétition entre les membres.

Je me souviens ce qu'exprime Benjamin Caillard dans sa conférence gesticulée (http://www.ades-grenoble.org) sur le triptique des luttes où l'on retrouve ceux qui se positionne dedans et souhaitent le faire bouger de l'intérieur, ceux qui se positionne contre et le combatte chaque jour et ceux qui font sans, vivent leur vie sans utiliser ni se préoccuper de ce modèle. Pour Benjamin, une lutte peut réussir si se rejoigne la combinaison des 3 personnalités pour faire ensemble.

Par la proposition du micro-crédit je pense que nous pouvons faire intervenir ces 3 visions afin de proposer un autre modèle et de le construire collectivement. Je crois que nous pouvons, que je peux, selon la nécessité de la lutte, me positionner en dedans, contre ou faire sans !

 

 

 

Vous pouvez soutenir les micro-crédit en envoyant vos dons à l'association DEPARTS en mentionnant "micro-crédit Pérou" que nous utiliserons selon les besoins des 3 associations partenaires que sont Mano a Mano à Lima, Peru Ayni Tours à Coporaque ou ASTURS à Capachica.

 

 

 


 

 


Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article