TUSOCO
Après la découverte d'initiatives communautaires à Uyuni avec Nuestras Raices et à Buena Vista avec La Chonta (voir article Tourisme Solidaire et Communautaire) toutes les deux membres de TUSOCO, je désirais connaître un peu plus l'histoire, le fonctionnement et les projets de ce réseau et en retransmettre les grandes idées. C'est pourquoi je me suis rendu à Cochabamba où se situe le siège social et administratif de l'association.
Historiquement TUSOCO s'est créé en 2005 et existe officiellement depuis 2006. Mais des initiatives existaient déjà auparavant. Peu à peu des dirigeants communautaires ont ressenti le besoin de se rassembler et de s'organiser pour défendre ensemble les valeurs de ce tourisme communautaire et promouvoir collectivement leur projet. Ils ont compris qu'ils ressentaient les mêmes problèmes et un isolement fort. Avec le soutien de l'Ambassade de France quelques paysans membres de ces communautés sont allés à Marseille au FITS (Forum International du Tourisme Solidaire) en 2003. De là, ils ont compris l'importance de s'organiser mais avec la volonté d'être indépendant et de garder la main mise sur leur projet et leur développement à venir.
Dés l'origine du projet les communautés se sont fixées 4 grands objectifs :
- - Soutenir, fortifier et former les entrepreneurs de tourisme communautaire membres de TUSOCO
- - Promouvoir les projets de chaque membre
- - Commercialiser l'offre touristique du réseau
- - Participer à la préservation de l'environnement
Cette initiative nationale et communautaire est également née d'une conscientisation des acteurs communautaires des effets du tourisme de masse sur leurs cultures traditionnelles, leur environnement et les profits économiques de cette activité générant peu de retombés pour les population locale. Clément, français et animateur du réseau rappel que le tourisme est encore peu développé en Bolivie en comparaison des autres pays d'Amérique du Sud. Il indique également que 5 grosses entreprises monopolisent ce secteur et que beaucoup de communautés en dépendent, n'ayant pas de regard sur le prix fixé et les quantités de personnes envoyées.
Comme le souligne Sandro, coordinateur de TUSOCO depuis son origine, la stratégie première fut celle de développer économiquement les communautés par une économie locale. Jusqu'ici les paysans dépendaient uniquement de l'agriculture. Ils ont débuté une activité complémentaire par de l'artisanat puis le tourisme. L'idée, comme le précise Sandro, est bien de créer une activité complémentaire à l'agriculture et non de supplanter l'agriculture par le tourisme. TUSOCO souhaite soutenir et fortifier chaque membre dans un esprit de solidarité ente tous et avec l'environnement. Ces projets de tourisme communautaire permettent un développement personnel de chaque acteur mais participe à l'évolution communautaire sur le plan social, économique, sanitaire...
Sandro rappel que communautaire signifie « au sein de la communauté » mais que cela ne signifie pas que tous les personnes de la communauté participent au projet. Cela n'est pas une « norme » pour s'affilier au projet. En effet, pour chaque nouvelle communauté désirant s'affilier au réseau différent point sont pris en compte :
- - Une démarche volontaire des communautés. TUSOCO ne souhaite pas mettre en place de «démarchage» auprès des communautés
- - Les communautés doivent envoyer un courrier de demande au réseau
- - Une visite - évaluation est réalisé par un membre du directoire (un paysan) et un technicien
- - Un compte-rendu est réaliser et présenté en réunion du directoire
- - Une pré-affiliation d'un an au réseau
- - Validation de l'affiliation, après une année, lors de l'Assemblée Générale
Au 1er abord cela pourrait paraître protocolaire pour certains mais il s'agit là d'une implication forte des paysans dans leur projet, dans la vie associative et la garanti des valeurs défendues collectivement. En effet, lors de la visite sont notamment remarqués le projet et les liens avec les valeurs de TUSOCO, le bénéfice communautaire et non individuel, l'impact social et la protection environnementale.
Au niveau organisation et vie associative, la place des paysans et communautés y ait également importante. Un Directoire (équivalent au Conseil d'Administration) formé de représentants communautaires qui se réunissent régulièrement et présentent chaque année un POA (Plan Opérationnel Annuel) en Assemblée Générale. De plus tous les 3 ans est mis en place un Plan Stratégique qui se traite premièrement avec les membres au niveau régional puis une proposition globale est faite en Assemblée Générale par le Directoire.
Enfin TUSOCO travail également au niveau national, auprès du gouvernement afin de faire reconnaître dans la loi le tourisme communautaire et rural et l'association comme forme juridique reconnu d'entrepreneur du tourisme au niveau national. Pour ce dernier point cela n'est pas facile et Julie, française également et animatrice du réseau, se charge notamment de réaliser avec les paysans la création d'une agence de tourisme dépendante de TUSOCO afin de pouvoir commercialiser eux-mêmes leurs différentes offres.
TUSOCO m'apparaît comme une organisation complète, menée, organisée et pensée par les paysans qui ne délaissent pas leur rôle en participant activement et régulièrement à la vie associative. Un tourisme communautaire, différent des chemins conventionnels que l'on vous propose, n'est pour moi qu'un retour aux valeurs essentielles du tourisme, celles de la rencontre et de la découverte humaine, avant celle de la digitalisation paysagère et sensationnelle.
Lien vers le site de TUSOCO : www.tusoco.com