Takuara Renda
Takuara, la bambou et Renda, le lieu en Guarani. 2ème langue officielle du Paraguay, le Guarani est plus couramment parlé dans les campagnes, l'espagnol étant la langue dominante dans les villes.
Takuara Renda est une association, située à Sapucai, 100 km environ au Sud Est de Asunción, dans le département de Paraguari. Créée il y a 7 ans maintenant, ces objectifs sont multiples : la reforestation, l'autonomie et l'économie de l'eau, la construction en bambou comme une alternative et le travail local avec les paysans.
Le travail est long et n'est visible que sur le long terme. Après 7 années, les 1ères actions de reforestation et de récupération des eaux de pluies arrivent à leur terme. Nais beaucoup de questions se posent au sein des familles de Cerro Roke, communauté de Sapucai. Aucune production ne sort de ce lieu et certaines de ces familles ne voient pas l'utilité de leur travail. Pourtant au cours des 15 jours passés, j'ai pu découvrir le fonctionnement qui s'installe progressivement. La vie que génère et générera cette structure. Aujourd'hui 3 jeunes travaillent ici et l'accueil de volontaires fonctionne régulièrement toute l'année. Pour l'accueil et l'alimentation Takuara Renda tente peu à peu de créer un lien économique avec les familles favorisant l'approvisionnement local. Milciades, l'un des fondateurs de Takuara, explique l'intérêt de cette politique. « Les productions locales sont avant tout pour la consommation familiale. Il s'agit d'une agriculture vivrière. Cependant, une partie de la production est vendue. Le problème est que cette vente est aujourd'hui uniquement destinée à approvisionner le marché d'Asunción. Ensuite ces mêmes produits nous reviennent pour être vendus ici. Nous voulons tenter de diminuer cette aberrance écologique et économique. De ce fait nous tentons progressivement de travailler directement avec les familles de paysans et de leur faire comprendre l'intérêt d'une relocalisation de l'économie. » Beaucoup de travail reste à faire, selon Milciades, car les paysans n'ont pas (ou plus) cette « culture » et la notion de production et de vente locale. Tout comme d'ailleurs la notion environnementale !
Cerro Roke pourrait-être, comme certainement la majorité des campagnes paraguayennes, perçue comme des aires naturelles indemnes, des « oasis » environnemental en quelque sorte ! Je m'entends par là du faible impact de l'activité humaine son milieu. L'asphalte n'a pas encore pris sa place sur les routes de sable et de terre. Les transports en commun sont beaucoup plus utilisés que la voiture. On mange en grande majorité ce que l'on produit. Cependant je crois que la majorité n'ont pas la conscience des risques venir du « développement » de leur activité. La culture de la terre à Cerro Roke se pratique par rotation de 7a année. Avant d'être cultivée, une parcelle est entièrement brûlée. Puis après la culture et la récolte les paysans laissent la parcelle 6 années. Milciades fait remarquer que, malgré ces 6 années de repos, chaque fois une partie de la biodiversité disparaît, prévoyant un problème environnemental pour l'avenir.
Takuara Renda suit également l'évolution climatique locale et constate de différence importante depuis 7 ans. La pluviométrie a régulièrement diminué avec une baisse record en 2008 et 600 mm de moins qu'en 2007. De même, les températures maximales sont de hausse de 1 degré chaque année depuis 7 années, passant de 31° en 2007 à 38° en 2008. Bien sur ces maximales n'ont lieu que quelques jours par an, mais de constater une telle hausse en 7 ans !!!!
C'est pourquoi l'association travail sur la récupération des eaux de pluies et sa filtration afin de la rendre potable, pour devenir très rapidement autonome. Cela passe par la construction de bassins (ouverts) et de tanks (fermés) Pour ce qui est des bassins, des plantes aquatiques y sont associés afin de limiter les odeurs potentielles et diminuer l'évaporation.
Enfin, la construction en bambou est mise en place ici depuis 7 années. Seul ou associé à la pierre, le bambou offre de multiple facette, tout autant pour l'ossature que les cloisons, le toit ou encore l'intérieur de la maison. Cette alternative de construction est intéressante car le bambou pousse assez facilement ici et limite la déforestation destinée à la construction ! A takuarana, logement, lit, chaise, ustensile de cuisine pour certains.... Sont confectionnés sur place et en bambou.
Au-delà de ce projet, retenons le travail social et environnemental. Retenons cette vie collective qui existe, au-delà de Takuara Renda. Une liberté d'entreprendre et de vivre, liberté des ces populations, beaucoup plus forte qu'il n'y parait.
Retenons aussi et toujours que la rentabilité et l'économie trouble les pensées et la vision de beaucoup sur cette terre. Mais s'il pouvait voir comment dans nos pays l'argent peut rendre dépendant...
Lien vers le site de Takuara Renda : www.takuararenda.org