Coopérativisme, associativisme, syndicalisme…

Publié le par Julien

De retour à Santa Catarina, quelques jours avant de quitter le Brésil. Le Centro Vianei, le réseau Ecovida et la coopérative Ecoserra (situé à Lages) m'ont accueilli et fait découvrir une autre dimension de l'organisation agricole et rurale ici. 3 réseaux organisés, à la fois singulier, mais étroitement liés de part leur histoire et leurs actions.

 

 

 

    

 


Le 1er, le Centro Vianei. Le 1er dans l'histoire !!! Officiellement, l'association AVICITECS (Associação VIanei de Cooperação e Intercambio no Trabalho, Educação, Cultura e Saude) fut créé en 1988. Officiellement car des groupes travaillaient déjà ensemble depuis 1983. Le centre fut créé ensuite, en 1993.

A la fin de la dictature au Brésil, dans les années 70-80, les réseaux et mouvements divers (environnementalistes, paysans...) ont pu de nouveaux s'organiser et proposer des actions. Ce sont autours de notions, de lutte des paysans, de protection de l'environnement, de syndicalisme... que se sont fédérés différents groupes de travail au sein de l'association. Jusqu'au début des années 1990, l'effervescence global de ce mouvements a permis de nombreuses actions et au centre Vianei de se croitre en reconnaissance et projets que sont la coopération du travail agricole, des sessions de formation, les luttes syndicalistes, la solidarité... A partir du milieu des années 90, non pas que cette effervescence et que le travail se sont arrêtés, certains groupes se sont officiellement organisés en association ou en on rejoint d'autres (comme le Mouvement des paysans Sans Terre - voir l'article « Soutien au MST » sur ce Blog) Depuis, le centre Vianei a recentré ses actions sur la partie agricole et son implication dans les débats et la politique publique. Par cette implication le centre Vianei tente d'influencer les orientations, notamment sociales, des dirigeants politiques. Pour ce qui est de l'agriculture, le centre défend les pratiques agroécologiques et alternatives. Mais il travail également les questions de commercialisation, de production, de tourisme...

 

 

 

       

 

 


Ces questions d'agroécologie et de pratiques alternatives ont amenés le centre Vianei et les groupes de paysans à la création du réseau Ecovida. Né des réflexions et des luttes, contre notamment la « Révolution Verte » des années 70-80, ainsi que du travail du centre, Ecovida fut créé pour mettre en place une certification participative des produits écologiques, notamment en opposition aux coûts élevés des organismes existant. La loi au Brésil, depuis peu, autorise la certification participative comme forme reconnu de production écologique. Une avancée intéressante lorsque l'on sait qu'Ecovida est l'un des premiers acteurs de ce changement ! Comme quoi même si tout seul on ne peut pas agir, réunit les paysans font avancer les choses ! Bien sur cette certification participative nécessite une organisation rigoureuse (que nous verrons par la suite) pour garantir la qualité et le critère écologique des produits. L'Etat n'impose pas non plus une certification par un organisme pour vendre au particulier. Elle l'impose lorsqu'il s'agit de vendre aux institutions (écoles, hôpitaux...)

Ecovida ne travail pas uniquement sur la certification participative. Pour que les agriculteurs puissent être certifiés par le réseau ils doivent intégrer et travailler en groupe, au sein de leur ville ou de celle la plus proche. Ce travail ne porte pas que la production, il s'agit également de discuter de la vie du réseau, la commercialisation... Ces groupes sont formés de familles d'agriculteurs et, au sein d'une même région (géographiquement déterminée) forme un noyau composé de représentant de chaque groupe de famille, ainsi que de représentant de consommateur, de petits commerçants et d'association. Tout cela étant organisé sur 3 Etat au sud du Brésil (le Parana, Santa Catarina et Rio Grande do Sul) Cette organisation se poursuit ensuite avec la Coordination Régionale qui comprend des représentants de chaque noyau ainsi qu'un comité d'éthique du réseau. Enfin, chaque Coordination Régionale délègue des représentants afin de former la coordination général du réseau Ecovida. On comprend par cette organisation, dont les rencontres se font de 1 à 2 fois par mois à 1 à 2 fois par an selon le niveau, qu'il ne s'agit pas d'une simple formalité entre agriculteurs !! De plus des groupes indépendants des niveaux d'organisation se sont créés pour travailler sur des termes bien précis comme les semences, les jeunes en milieu rural...

Jozete, coordinateur du réseau, et paysan en agroécologie, m'a fait part de leur différenciation entre produit Bio et produit écologique. Pour lui, la notion de produits écologique et la certification que fait Ecovida ne prend pas en compte uniquement l'acte de production. Il s'agit de considérer à la fois la production mais également l'implication sociale du paysan sur son territoire et sa participation aux mouvements que défend entre autre Ecovida. Pour lui, les produits Bio certifiés par les organismes connus ne sont que la certification d'une agriculture respectueuse, sans prendre en compte le salariat s'il y a, la socialisation des paysans sur leur territoire...

 

 

 

         

 

 


Après une année d'existence, Ecovida et le centre Vianei ont mis en place Ecoserra, Coopérative écologique des agriculteurs, artisans et consommateurs de la région Serrana, en 1999. Cette coopérative compte aujourd'hui près de 400 membres, mais comme le regrette certains, seulement près de 200 sont actifs !!! Ecoserra vend directement aux consommateurs et petit commerçant mais commencent également à distribuer dans certains magasins de grandes villes comme São Paulo et Florianopolis. Ces principes sont de pouvoirs rémunérés plus justement les producteurs sans atteindre le portefeuille des consommateurs.

Jozete explique bien cette démarche. Avec Ecovida leur souci est de pouvoir offrir à tous les consommateurs des produits sains, d'agrotoxiques, même au plus pauvres. Allez dans les favelas et vendre un kilo de feijão 2,5 Reals lorsqu'il en vaut 5. Je n'ai pas vu de telle réalisation mais avouez que la réflexion et la démarche diffère des discours de solidarité où le consommateur rémunère plus justement le producteur. On oublie il est vrai assez vite l'accès à tous à ces produits.

Enfin, Ecovida, le Centro Vianei et Ecoserra, en concertation avec d'autres associations et coopératives des 3 Etats précédemment cités, ont mis en place la route du « Rede Ecovida » Cette route n'est aitre qu'un lien entre toute ces formes de productions afin de permettre à chacune d'avoir une offre de produits plus conséquentes en vendant les produits des uns et des autres.


 

 

 

 


J'ai rencontré Jozete à Anitapolis, lors d'une réunion d'Acolhida na Colônia. Nous avions échangé quelques minutes et ils m'avaient invité à venir les rencontrer. Je pensais y rester 2 ou 3 jours, j'y restais une grosse semaine.

Jozete a le projet de proposer aux 3 autres réseaux d'Agroécologie du pays, avec qui ils se réunissent chaque en Assemblée Nationale de l'Agroécologie (ANA) de créer une Fédération Nationale de l'Agroécologie.


 


Lien vers le site d'Ecovida : www.ecovida.org.br

 




Aparté :

J'ai également appris quelques lois en vigueurs ici :

      -     L'Agriculture Familiale (AF) est définit par une ferme de moins de 50 ha

      -     Chaque famille en AF peut vendre pour 3000 Reals de produits à l'Etat dans le cadre du programme PRONAF (PROgramme National pour l'Agriculture Familiale)

-         L'Etat impose, depuis 2009, à chaque agriculteur que 20% de sa surface est une couverture végétale (forêt) dont il ne pourra couper que 15 mètres cubes par an pour le chauffage et 20 tous les 3 ans pour la construction

Publié dans Brésil

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
donc changement de pays je viens de le lire; tu es toujours très intéressant dans tes reportages c'est un plaisir de te suivre merci pour ton travail et j'en profite de te souhaiter un bon anniversaire même que la distance nous sépare ,le coeur et la pensée y sontje te fais plein de bisous autant que d'année.........christiane
Répondre
J
<br /> <br /> Merci beaucoup Christiane!!<br /> <br /> <br /> <br />
A
t'es pas au FSM??? une copine est à Belém en ce moment au forum social mondial : ça a l'air énorme!! t'as des échos là bas???
Répondre
J
<br /> <br /> Et bien non? Pour deux raison qui sont un peu de même importance. L'une pour le coût, entre le voyage, l'hébergement et la restauration. Le FSM doit être finit maintenant et il avait lieu comme<br /> tu l'as dit à Belem, à environ 5000 km de là où je me trouvais à ce moment là. Donc la distance et le coût ne m'ont pas permis d'y aller!!! Vraiment dommage, j'espère avoir l'accasion de<br /> participer à d'autres évènement de ce type d'ici la fin du voyage!!<br /> <br /> <br /> <br />
A
heureusement que tu es là pour nous ouvrir les yeux et les oreilles et pour nous redonner "esperança"... ici on manque un peu d'optimisme en ce moment.... besoin de soleil, besoin d'une bonne manif (meme si ça a été le cas cette semaine), besoin d'actions concrètes et d'avancées... allez on va se repdrendre, on va boire un coup à la colloc ce soir!! on pense bien à toi en tout cas, beijinhos à Fanny
Répondre
J
<br /> Ah, la colloc!!!! Elle est toujours présente!!!!!! Je ne te demande pas comment ça va alors Aurélie, tout est dit!!!! mais comment vais-je retrouver la France après tout cela!!!??? Je pense qu'en<br /> vous organisant bien vous pouvez acheter une ferme collectivement, ça c'est du concret non? Passe le bonjour à tout le monde de ma part!!<br /> Bises, Julien.<br /> <br /> <br />
R
Bonsoir Julien,Ce mot pour te dire qu'avec plaisir, nous prenons bien connaissance  du compte-rendu, de tes découvertes.Demain samedi 31, dans le cadre du CCFD, à Saintes, nous participerons à une journée de réflexion autour des racines de la solidarité. Nous nous sentons bien proche de ce que nous comprenons de ta démarche.Proche aussi des gens que tu rencontres.Amitiés et bonne continuation.Je t'embrasse.M.Bernadette R et Marcel
Répondre
J
<br /> <br /> Bonjour à vous deux,<br /> merci pour ce message que je prends comme un soutien!!! En espérant que vos rencontres auront éte bonne à cette réunon.<br /> <br /> <br /> Amitiés, Julien.<br /> <br /> <br /> <br />