Le Pérou en famille
Une nouvelle fois depuis 10 mois je fus rejoins en ce mois d’août par un petit groupe de 7 Français venue du Poitou ! Ces moments de visite touristique sont toujours l’occasion de revoir avec beaucoup de plaisir ces amis et membres de la famille mais également de partager un petit bout de mon parcours avec eux.
Là aussi nous avons tenté de combiner visites touristiques et « tourisme vivencial » comme il est parfois définit ici au Pérou. Il s’agit d’un tourisme de proximité, de rencontre avec les paysans et les habitants locaux, qu’ils organisent et gèrent eux-mêmes. Après la découverte de lieux traditionnels comme Cusco et la « Vallee Sagrada » dont le fameux Macu Pichu, nous avons visité le Lac Titicaca par l’intermédiaire de l’association ASTURS, dans la péninsule de Capachica. Ce fut l’occasion pour le groupe de rencontrer deux familles de paysans, à Llachon et Amantani (voir article sur ce blog « Amantani, Llachon et Le Tourisme ») qui m’avaient accueillie en juin dernier. Le programme fut avant tout basé sur la découverte de la culture locale et de la rencontre humaine, lors des repas et des randonnées. Nous avons également pris le temps d’aller discuter avec des enfants du collège de Llachon et d’Amantani. Walther, notre guide lors de ces deux jours, nous a permis d’aller échanger avec les habitants de 3 îles traditionnelles de Uros.
Ces îles, dîtes îles flottantes, sont faites de roseau (appelé Tortora localement) ainsi que les maisons d’habitations. Ces habitants vivent essentiellement de la pêche et de la récolte du roseau dont la partie blanche (le pied) se mange et le reste est utilisé pour l’alimentation des élevages (vache et mouton essentiellement) des paysans vivant sur la terre. Les roseaux sont aussi séchés et utilisés pour les constructions sur les îles. Le troc est fortement présent, échangeant essentiellement du poisson frais ou séché contre maïs, blé, pomme de terre… L’origine n’est pas vraiment connue, certains parlant de migrants Boliviens et d’autres de paysans venus des montagnes, ayant migrés vers le lac et choisit de vivre sur l’eau et près des roseaux afin de fuir les colons espagnols. Le tourisme pour ces îles est récent, à peine 5 ans. Toutefois de nouvelles îles Uros ont été créées. Comme le souligne Walther « ces îles ne sont pas les îles originelles, elles ont été créées pour les touristes » Selon lui les « habitants de ces îles n’y vivraient pas toute l’année » il s’agirait donc simplement d’une reconstitution folklorique certainement destinée à l’appareil photo des touristes. Aujourd’hui on dénombre plus de 40 îles de ce type sur le lac, mais une nouvelle fois les populations traditionnelles ne sont pas prises en compte dans le développement touristique et laissées pour compte par les agences péruviennes et étrangères.
La suite de notre voyage s’est déroulée aux environs d’Arequipa avec la rencontre de 2 jeunes français, Emilie et Loïc, venus vivre à Yanquee au bord du cañon du Colca. Arrivés ici il y a près d’un an ils viennent de créer avec des paysans locaux une association s’appelant DIAS’OL dont l’objectif est avant tout un travail social auprès des enfants et des jeunes du village. Ce projet s’accompagne de la création d’un Hospedaje (petit hôtel) sur le principe du tourisme « vivencial » en lien avec d’autres « Casa Vivencial » mise en place par 4 familles du village. Nous avons pu rencontrer David et Melie, un couple de Yanquee venant juste d’ouvrir leur « Casa Vivencial » et chez qui nous avons dormi lors de notre passage. Il existe déjà des hôtels mais ceux-là ne sont pas gérés dans une dynamique locale, en concertation avec les habitants pour un projet global. Si le tourisme peut apporter une manne économique pour les populations locales, nous savons maintenant qu’il est parfois la source de conflits culturels, sociaux et environnementaux. L’exemple de Yanquee en est un, par une coupure d’eau pour les populations locales du à la surconsommation des hôtels présents…
L’association DIAS’OL n’en est qu’à ses prémisses mais espérons qu’elle saura trouver sa croissance et atteindre ses objectifs sans en modifier le paysage agricole et rural local, dans un souci de préservation des cultures traditionnelles et d’amélioration des conditions de vie des jeunes comme des « anciens » !
Je crois que nous aurons démontrer par ces 3 semaines qu’il est réellement possible de parcourir des lieux magnifiques tout en manifestant le plus souvent possible un intérêt pour un tourisme plus responsable. Celui qui nous permet d’approcher les réalités locales et d’en comprendre une partie, même infime. A chacun de se demander maintenant pourquoi il voyage et l’intérêt que l’on donne à chacune de nos découvertes.
Lien vers le site de ASTURS – CEDESOS : http://www.cedesos.org/proyectos.html